CHRONIQUE – Le mot, décrié par les uns, approuvé par les autres, a révélé la mécanique du système universitaire en France et mis en lumière les limites de son fonctionnement: «libéral», «autonome», détaché du pouvoir central.
La polémique n’en finit pas. Déclarations outragées, pétitions des présidents d’universités, recadrage élyséen et contre-recadrage élyséen. La pauvre Frédérique Vidal n’était pas habituée à ce genre de tempête. Elle vivait jusque-là tranquille dans l’ombre médiatique de Jean-Michel Blanquer. Il a suffi d’un mot pour la sortir de son confortable anonymat. Mais ce mot n’est pas n’importe quel mot: «islamo-gauchisme» désigne l’alliance dans la sphère universitaire et intellectuelle d’une partie de la gauche avec les islamistes pour imposer l’analyse des sujétions et discriminations, que subiraient de nombreuses minorités (musulmans, femmes, homosexuels, étrangers, etc.) du fait de l’imperium de l’homme blanc hétérosexuel catholique. Ces études se parent des atours de la « science » alors qu’elles sont surtout le produit de l’idéologie.
Mais peu importe le sens, l’essentiel est d’abord l’origine de cette expression: forgée par le chercheur Pierre-André Taguieff, il y a une vingtaine d’années, elle a été reprise par les adversaires des islamistes et de tous leurs alliés.